samedi 8 septembre 2007

Gardons-nous des saintes écritures !

Les chercheurs démontrent que la lecture de violences sanctionnées par dieu rend agressif.

Il n’y a pas que les films d’action et les jeux de massacre vidéo qui sont susceptibles d’aggraver les comportements agressifs. Les dernières recherches le prouvent : il en va de même des textes littéraires, en particulier ceux qui offrent une justification divine aux actes de violence. Et leur influence ne s’exerce pas seulement sur les extrémistes religieux. Des scientifiques du fameux Institut pour la Recherche Sociale (ISR) de l’Université du Michigan (USA) ont découvert que lire des textes prônant la violence au nom de dieu provoque l’agression chez le croyant et même chez le non-croyant moyen. " Il est important de noter que nous avons obtenu des preuves à l’appui de cette hypothèse au sein d’échantillons d’étudiants universitaires qui, selon nos estimations, n’avaient pas le type du terroriste faisant sauter des civils ", écrit Brad Bushman, professeur de psychologie et de communication à l’ISR. " Même parmi nos participants qui n’étaient pas des dévots, l’exposition à une violence approuvée par dieu augmentait ensuite l’agressivité. Le fait que cet effet apparaît dans un tel échantillon peut démontrer le pouvoir insidieux d’une exposition à la violence littéraire des écritures saintes ".

Le Professeur Bushman et ses collègues ont mené deux études indépendantes avec des étudiants de l’Université Brigham Young (USA) et de l‘Université Libre d’Amsterdam (VUA – Pays-Bas). Les résultats ont paru dans le magazine Psychological Science (volume 18 n°3 : When God sanctions : Killing effects of scriptural violence on aggression "). Après avoir indiqué leurs affiliations ou croyances religieuses (USA : 99% des participants croient en dieu et en la Bible ; Pays-Bas : 50% croient en dieu et 27% en la Bible), les deux groupes ont reçu à lire un même texte. Il s’agissait d’une adaptation d’un passage de la " Bible du Roi Jacques " (version anglaise autorisée de la Bible) décrivant le viol et le meurtre brutal d’une femme puis l’appel de son mari à la vengeance contre ses assassins (Ancien Testament). La moitié des participants de chaque groupe a lu une version incluant une phrase où dieu commande à ses partisans de prendre les armes contre d’autres, l’autre moitié a eu une version sans la phrase en question. A l’une des moitiés on a dit que le texte provenait de l’Ancien Testament, aux autres on a fait croire qu’il venait d’un ancien parchemin découvert par des archéologues. Après lecture du texte, les participants ont été soumis à un simple test de réaction, chacun d’eux étant mis en compétition avec un adversaire extérieur au groupe. On leur a dit que le vainqueur pourrait " faire exploser " son adversaire perdant au moyen d’un son aussi puissant qu’une alarme d’incendie (environ 105 décibels) – une mesure courante de l’agression. Les chercheurs ont constaté que les étudiants religieux aussi bien que les non religieux foudroyaient leur adversaire avec un son plus puissant lorsqu’on leur avait dit que le texte lu provenait de la Bible. Les réponses agressives étaient également accrues avec les participants qui avaient lu le texte incluant la référence directe à dieu appelant à la violence. Toutefois le niveau accru d’agression était toujours plus important parmi les croyants que parmi les non croyants. " Nos résultats confirment des recherches antérieures montrant que l’exposition à des media violents pousse les gens à se conduire plus agressivement s’ils s’identifient aux personnages violents que s’ils ne le font pas " ajoute le Professeur Bushman.

Fondé en 1948, l’ISR est l’un des instituts de pointe en matière de méthodologie des sciences sociales théoriques et appliquées et il collabore avec des chercheurs de plus de 60 pays.

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