Malgré la révélation d'un nombre toujours plus alarmant de cas de prêtres pédophiles, l'Eglise catholique n'en fait, à chaque fois, qu'une analyse ponctuelle destinée à l'en protéger : seuls les curés seraient coupables, l'institution n'aurait aucune responsabilité dans ce qui relèverait uniquement de comportements personnels déviants.
Pourtant, les maux sont à la fois structurels (chasteté, culture du secret, soumission de l'individu à sa hiérarchie) et théologiques. Les mécréants connaissent bien un passage de l'évangile de Marc (10.13-16) où le légendaire Jésus ordonne : "Laissez les enfants venir à moi !", afin "qu'il pose les mains sur eux". Bien sûr toutes les interprétations sont possibles, de la bénédiction d'êtres innocents à l'attirance glauque envers les gosses. Il n'est pas improbable que certains prêtres pédophiles y aient trouvé la justification de leurs actes. C'est le grand talent du christianisme de permettre, pour un verset d'apparence anodine, des interprétations qui affirment tout et son contraire.
Franchissant un pas supplémentaire dans la perversion, un passage de la Genèse (19.30-38) dépourvu d'ambiguïté atteint les sommets de l'immonde. En quelques lignes, la Bible réussit la prouesse de présenter un acte doublement incestueux dont le coupable n'est pas l'adulte mais les enfants qui, de surcroit, sont des filles ! Loth a deux filles qui ne peuvent trouver d'homme pour procréer. Que faire ? L'aînée décide d'ennivrer leur père et de coucher avec lui. La cadette l'imite la nuit suivante et, cette fois encore, le père ne se rend compte de rien. Les deux sœurs sont finalement enceintes de deux garçons qui seront à l'origine des lignées des Moabites et des Ammonites. On a ici un condensé de la misogynie biblique : la femme, dès son plus jeune âge, est perverse, tentatrice, prête à toutes les manigances pour parvenir à ses fins, et l'homme, quand il perd ses moyens par l'ivrognerie, est son jouet. Dans la mythologie chrétienne, Eve entraîne Adam dans le péché par la pomme, et, symétriquement, les filles de Loth usent de l'alcool pour abuser de leur père.
De façon plus générale, quasiment chaque mention d'une femme dans l'Ancien Testament permet de mesurer l'ampleur des phobies d'origines sexuelles des rédacteurs du texte. Dans la Genèse, la femme peut être contrainte à la prostitution (19.8) ou constituer une monnaie d'échange (34), le Lévitique est prolixe sur l'impureté d'une femme suite à un accouchement (12.1-8) et pendant la période des règles (15.19-33), les Nombres accordent aux soldats de Moïse les filles vierges comme butin de guerre (31.18), etc.
A trop côtoyer le texte biblique, tel un miroir de leurs frustrations, certains prêtres n'ont finalement fait qu'adapter à leur propre intérêt les comportements aberrants qu'ils y rencontrent.
Les références correspondent à la traduction de La Bible publiée par l'Alliance Biblique Universelle, nouvelle édition révisée, 1997.
29 avril 2010 |
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